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EXERCICE Nº1: Synthèse de documents

Vous ferez une synthèse des documents proposés, en 220 mots environ (fourchette acceptable : de 200 à 240 mots).
Pour cela, vous dégagerez les idées et les informations essentielles qu'ils contiennent, vous les regrouperez et les classerez en fonction du thème commun à tous ces documents, et vous les présenterez avec vos propres mots, sous forme d'un nouveau texte suivi et cohérent. Vous pourrez donner un titre à votre synthèse.
Attention :

Vous devez rédiger un texte unique en suivant un ordre qui vous est propre, et en évitant si possible de mettre deux résumés bout à bout ;

Vous ne devez pas introduire d'autres idées ou informations que celles qui se trouvent dans le document, ni faire de commentaires personnels ;

Vous pouvez bien entendu réutiliser les «mots clefs» des documents, mais non des phrases ou des passages entiers.

DOCUMENT 1:  « C'est une sorte de patate chaude »

Comment définir la francophonie ? Par l'ensemble de ceux qui emploient régulièrement la langue française, que ce soit leur langue maternelle, une langue nationale ou d'enseignement, ou le fruit d'un choix imposé par l'histoire comme d'une adhésion personnelle.

Si le mot n'apparait qu'en 1880, l'idée en préexiste depuis longtemps.

Il y avait francophonie dès le Moyen Âge dans la perception de la langue du roi. L'origine en est ces dialectes gallo- romains qui couvrent les États actuels de la France, une partie de la Suisse comme de la Belgique, territoires déjà unis par l'idiome gaulois avant la percée du latin. C'est un parler politique et poétique (et ce moteur double est indispensable), qui déborde de sa zone. Ainsi progresse-t-il en Angleterre dès la conquête de Guillaume de Normandie (XI e siècle), puis en Orient avec les croisades. Le phé- nomène colonial, dès le XVI e siècle, offre la même capacité d'expansion à l'espa- gnol, au portugais et à l'anglais - un ministre québécois osa dans les années 1960 parler du monde « anglosaxophone », une notion plus polémique qu'analytique au demeurant.

Le mot « francophonie » est formé par le géographe Onésime Reclus dans un cadre parfaitement colonialiste - c'est l'heure de Jules Ferry -, puisqu'il s'ap- plique à l'usage triomphant de la langue française en Algérie. Ce qui suffit à expli- quer qu'il ne fut guère fédérateur. L'enjeu est rien de moins que l'avènement d'une langue mondiale qui oppose les diffé- rents colonialismes, fixant les aires lin- guistiques qui estampillent une présence coloniale durable. L'Afrique, une fois expulsés l'allemand et l'italien, réservée au français, à l'anglais et au portugais ; l'Amérique latine, chasse gardée de l'espagnol et du portugais à l'exception remarquable du guarani, seule langue indienne à avoir résisté, au Paraguay... Bien plus tard seulement le mot fut revendiqué par des écrivains employant le français par choix et par nécessité à la fois (Senghor, Césaire), mais, jusqu'à l'in- vention de la « négritude », l'idée franco- phone n'est pas reprise par la France, qui admet mal d'être bousculée par les revendications de ceux qui ont subi la langue nationale et qui opèrent sur elle un travail de l'intérieur pour affirmer une expression propre, en Afrique comme dans l'espace caraïbe.

Face à cette ambiguïté, la francophonie  est une sorte de patate chaude que pays, 
pouvoirs et créateurs se repassent avec  des intentions contrastées. 

Aujourd'hui, la notion connaît un virage intéressant. 

On en est arrivé à une acceptation des  francophonies (au pluriel) internationales 
qui seules pourront avoir un poids mondial, interdit à toute limitation dans le 
« national » - pour beaucoup, aujourd'hui encore, hélas, le nom des langues 
renvoie strictement à l'espace validé par  un passeport. Ce n'est évidemment pas 
le cas des créoles, dernières langues  apparues sur la planète. À la fin du XVII e 
siècle, dans les plantations de l'économie  sucrière, elles naissent de l'esclavage, éla- 
borées pour séparer les locuteurs des différentes ethnies africaines. Et elles 
s'imposent dès qu'elles dépassent le statut de langue maternelle pour assumer 
un usage et une vocation littéraires. Le phénomène est classique et on peut tenir 
le français pour un créole du latin  comme l'anglais est un créole germa- 
nique, né du saxon et de la langue des Angles. 

Peut-on préciser le processus ? 

On conserve le vocabulaire (jadis pas le latin de Cicéron mais celui des représen- 
tants du pouvoir au moment des invasions, essentiellement issues du monde 
germanique), mais la syntaxe, empruntée aux langues africaines, est complète- 
ment nouvelle. Jusqu'au cas limite où les deux langues cohabitent et dialoguent ; 
ainsi à l'île Maurice, avec un créole décréolisé et un français parfois créolisé. 
Lié aux conditions d'exercice socio-linguistique ou fruit d'un choix esthétique, 
le miracle des francophonies tient à l'enrichissement déterminant de la langue : 
emprunts, façons d'écrire, procédés rhétoriques et narratifs renouvelés. 
Les contacts entre les deux langues maternelles marquent la sensibilité litté- 
raire, mais n'idéalisons pas : chaque créole a souffert de la comparaison avec 
la langue officielle, qui le renvoie au bas de la hiérarchie linguistique. 

Comment garantir la santé des francophonies tout en prohibant 
ces échelles de valeur ? 

La bonne santé de la francophonie dépend d'une idéologie plurielle respec- 
tueuse de chacun et rétive à toute hiérarchisation ; plus encore sans doute d'un 
projet pédagogique aussi pensé qu'ambitieux. La misère de l'école africaine est 
telle qu'à terme la francophonie peut disparaître - la solution serait de s'em- 
ployer à créer un bilinguisme, avec de grandes langue vernaculaires à la façon 
du swahili dans l'espace anglais. Enfin, le succès dépend des médias et de la diffu- 
sion de la langue, sans tomber dans le piège de la récupération politique (la 
France a couru après la francophonie ; elle l'a rejointe avec le président 
Mitterrand ; elle a presque mis la main dessus à Cancun, retrouvant la posture 
du maître d'école ou du grand frère, dont les anciens colonisés ne veulent naturel- 
lement pas le retour). 

L'idée francophone ne serait donc pas française mais périphérique ? 

Bien sûr. L'avenir des francophonies dépend de leur nature plurielle et pluri- 
centrique. 

Propos recueillis par Philippe-Jean Catinchi, 
Le Monde des livres, 17 mars 2006. 

DUCUMENT 2: TEMPS DE PAILLE 1823 (?)-1902 

À beau dire à beau faire, la vie ne se mesure jamais à l'aune de ses douleurs. Ainsi, moi-même 
Marie-Sophie Laborieux, malgré l'eau de mes larmes, j'ai toujours vu le monde dessous la bonne 
lumière. 

Mais combien de malheureux ont tué autour de moi l'existence de leur corps ? 

Des koulis se pendaient aux branches des acacias dans les habitations 1 qu'ils incendiaient. Des 
nègres jeunes se laissaient mourir d'une vieillesse de cœur. Des Chinois fuyaient le pays avec des 
gestes de naufragés. Bondié ! combien ont donc quitté le monde au travers d'un grand trou de 
folie ? 

Moi, je n'ai jamais eu de ces mauvaises pensées. Tant de hardes à blanchir aux rivières des misères 
ne m'ont guère laissé de temps pour une mélancolie. En plus, dans les rares instants que la vie 
m'accorda pour moi-même, j'appris à galoper du cœur sur des grands sentiments, à vivre la vie 
comme on dit, à la laisser-aller. Et sur les rires ou les sourires, la peau de ma bouche n'a jamais 
s'il te plaît connu la moindre fatigue. 

Mais ce qui m'a sauvée, c'est de savoir très tôt que l'En-ville était là. L'En-ville, avec ses chances 
toutes neuves, marchandes des destinées sans cannes à sucre et sans békés. L'En-ville où les 
orteils n'ont pas couleur de boue. 

L'En-ville qui nous fascina tous. 

Pour en être, j'ai préféré agir. Et comme disent certains jeunes en politique d'ici : plutôt que de 
pleurer j'ai préféré lutter. C'était assez, lutter c'était en nous. 

La sève du feuillage ne s'élucide qu'au secret des racines. Pour comprendre Texaco et l'élan de 
nos pères vers l'En-ville, il nous faudra remonter loin dans la lignée de ma propre famille car mon 
intelligence de la mémoire collective n'est que ma propre mémoire. Et cette dernière n'est 
aujourd'hui fidèle qu'exercée sur l'histoire seule de mes vieilles chairs. 

Quand je suis née mon papa et ma manman s'en revenaient des chaînes. Un temps que nul ne 
les a entendus regretter. Ils en parlaient oui, mais pas à moi ni à personne. Ils se le chuchotaient 
kussu kussu, et je les surprenais quelquefois à en rire, mais au bout du compte cela ravageait leur 
silence d'une peau frissonnante. J'aurais donc pu ignorer cette époque. Pour éviter mes questions, 
manman feignait de batailler avec les nattes de mes cheveux et ramenait le peigne ainsi qu'un 
laboureur au travail d'une rocaille, et qui, tu comprends, n'a pas le temps de paroler. Papa, lui, 
fuyait mes curiosités en devenant plus fluide qu'un vent froid de septembre. Il s'emballait sou- 
vent sur l'urgence d'une igname à extraire des dégras qu'il tenait tout partout. Moi, patiente jus- 
qu'au vice, d'un souvenir par-ci, d'un quart de mot par-là, de I epanchement d'une tendresse où 
leur langue se piégeait, j'appris cette trajectoire qui les avait menés à la conquête des villes. Ce 
qui bien entendu n'était pas tout savoir. 

D'abord, prenons le bout de ma mémoire, à travers l'arrivée de mon papa sur terre.L.] 

Patrick Chamoiseaif, Texaco, Gallimard, 1992. 



1. Les plantations. 

2. Patrick Chamoiseau, né le 3 décembre 1953 à Fort-de-France, en Martinique, a publié du théâtre, des romans 
(Chroniques des sept misères, Solibo Magnifique), des récits (Anton d'enfance, Chemin-decole) et des essais 
littéraires (Éloge de la créolité, Lettres créoles). En 1992, le prix Goncourt lui a été attribué pour son roman 
Texaco. 

DOCUMENT 3: REPÈRES CHRONOLOGIQUES DE NOS ÉLANS POUR CONQUÉRIR LA VILLE 1

Afin d'échapper à la nuit esclavagiste et coloniale, les nègres esclaves et les mulâtres de la 
Martinique vont, de génération en génération, abandonner les habitations, les champs et les 
mornes, pour s'élancer à la conquête des villes (qu'ils appellent en créole : « l'En-ville »). Ces 
multiples élans se concluront par la création guerrière du quartier Texaco 2 et le règne mena- 
çant d'une ville démesurée. [...] 

TEMPS DE PAILLE 

En ce temps-là, les cases martiniquaises sont couvertes avec la paille des cannes à sucre tandis que les 
habitations esclavagistes se déstructurent et que s'amorce le règne des grandes usines centrales'. 

18. . . Temps probable de la naissance d'Esternome Laborieux, le papa de celle qui fondera le quar- 
tier Texaco ; il est esclave sur une habitation des environs de la ville de Saint-Pierre. 

18... Temps probable delà naissance d'Idoménée Carmélite Lapidaille, la manman de celle qui fon- 
dera le quartier Texaco ; elle est esclave sur une habitation des environs de la ville de Fort de 
France. 

1848 27 avril : Décret d'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises. 

22 mai. Révolte des esclaves dans la ville de Saint-Pierre, forçant le Gouverneur de la 
Martinique à décréter l'abolition avant l'arrivée de la décision officielle. 

1853 Les anciens esclaves refusent de travailler dans les champs et vont s'installer sur les 
hauteurs. On veut les remplacer : arrivée des premiers travailleurs indiens (Koulis) à 
la Martinique. Ils seront suivis d'Africains et de Chinois, et, plus tard, de commerçants 
syro-libanais (Syriens). 

1902 8 mai : Éruption de la montagne Pelée qui détruit la ville de Saint-Pierre. Plus de 30 000 
morts. Exode massif vers Fort-de-France où apparaissent les premiers quartiers populaires. 

TEMPS DE BOIS-CAISSE 

En ce temps-là, les cases s'élèvent avec les débris de caisses taudis que sur l'effondrement du système des 
habitations s'érige le règne précaire des grandes usines à sucre. 

19... Temps probable de la naissance à Fort-de-France de Marie-Sophie Laborieux ; c'est elle qui 
fondera le quartier de Texaco. 
[...] 

1938 Installation de la compagnie pétrolière sur le site du futur quartier Texaco 
[...} 

TEMPS DE FIBROCIMENT 

En ce temps-là, la plaque de fibrociment enveloppe les cases tandis que l'économie sucrière s'effondre. 

1945 Aimé Césaire est élu à la Mairie de Fort-de-France. 

1946 19 mars : Loi érigeant la Martinique en département français. 

1950 Première installation de Marie Sophie Laborieux sur le site du futur quartier Texaco, et pre- 
mière expulsion policière. 

1959 20-23 décembre : Émeutes à Fort-de-France. Nouvelles vagues d'exode rural vers Fort-de- 
France. Le site de Texaco est envahi. 
[...] 

Patrick Chamoiseau, Texaco, Gallimard, 1992. 



1. Cette chronologie est placée en début du livre et précède le texte du roman proprement dit. 

2. Quartier populaire, situé aux alentours de Fort-de-France, en Martinique. 

3. Les passages en italique renvoient aux personnages et/ou aux événements évoqués dans le roman. 
Rédigez votre synthèse et envoyez la moi à cette adresse: julien.bourdeau1@gmail.com

Je vous la renverrai corrigée...

EXERCICE Nº2: Essai argumenté

Le roman francophone n'est plus vécu essentiellement comme un espace d'affrontement 
idéologique entre la France et ses sphères d'influence. Il est d'abord perçu comme le lieu où 
s'exprime la singularité de chacun de ses auteurs, et même comme une chance de renouvel- 
lement pour les écrivains hexagonaux eux-mêmes. 

Dans un essai d'environ 500 mots, en vous appuyant sur les deux textes théoriques et l'extrait 
du romancier martiniquais P. Chamoiseau proposés dans ce dossier, vous exposerez votre avis 
sur ce sujet. 
Rédigez votre essai et envoyez le moi à cette adresse: julien.bourdeau1@gmail.com

Je vous le renverrai corrigé...