EXERCICE Nº1: Synthèse de docuements
Vous ferez une synthèse des documents proposés, en 220 mots environ (fourchette acceptable : de 200 à 240 mots).
Pour cela, vous dégagerez les idées et les informations essentielles qu'ils contiennent, vous les regrouperez et les classerez en fonction du thème commun à tous ces documents, et vous les présenterez avec vos propres mots, sous forme d'un nouveau texte suivi et cohérent. Vous pourrez donner un titre à votre synthèse.
Attention :
Vous devez rédiger un texte unique en suivant un ordre qui vous est propre, et en évitant si possible de mettre deux résumés bout à bout ;
Vous ne devez pas introduire d'autres idées ou informations que celles qui se trouvent dans le document, ni faire de commentaires personnels ;
Vous pouvez bien entendu réutiliser les «mots clefs» des documents, mais non des phrases ou des passages entiers.
DOCUMENT 1: Enfants, mariages, divorces : la révolution familiale
Un rapport parlementaire analyse les
mutations advenues en moins de deux
générations
En un demi-siècle à peine, la famille a accom-
pli sans tapage une véritable révolution. Déclin du
mariage, croissance de l'union libre, fragilisation
des couples, développement des familles recom-
posées : la famille des années 2005 est loin de res-
sembler à celle des lendemains de la Seconde
Guerre mondiale. Pour analyser les mutations qui
se sont produites en moins de deux générations,
le président de l'Assemblée nationale, Jean-Louis
Debré, a créé, il y a un peu plus d'un an, une mis-
sion d'information présidée par l'un des artisans
du pacs, le député (PS) Patrick Bloche. Dans le
document final, qui comporte plus de 400 pages,
Valérie Pecresse, rapporteur de la mission et
porte-parole de l'UMP, dresse le portrait des
familles d'aujourd'hui.
Au fil des décennies, le mariage n'a cessé de
décliner : alors qu'en 1970 les maires célébraient
près de 400 000 mariages, ils en ont recensé à
peine 280 000 en 2005, ce qui représente une
baisse de 30%. « Le déclin de la nuptialité n'est
pas lié à un véritable rejet du mariage, même si
pèse indéniablement sur l'institution, surtout dans
les années 1970, l'image traditionnelle du mariage
bourgeois », analysait en 1998 le rapport de la
sociologue Irène Théry, « Couple, filiation et
parenté aujourd'hui ». « Plus fondamentalement,
c'est la place sociale de l'institution matrimoniale
qui a changé avec la transformation des représen-
tations du couple : le choix de se marier ou non
devient une question de conscience personnelle. »
Lorsqu'ils se marient les couples se décident
d'ailleurs de plus en plus tard. L'âge moyen lors de
la célébration a augmenté de près de six ans
depuis 1970 : il est désormais de 28,8 ans pour les
femmes et de 30,9 ans pour les hommes.
Aujourd'hui, beaucoup de couples choisissent
l'union libre, qui est « plus fréquente et dure beau-
coup plus longtemps qu'auparavant », souligne le
rapport de la mission parlementaire. Pour l'im-
mense majorité d'entre eux, cette forme de conju-
galité inaugure la vie à deux : neuf couples sur dix
ont débuté ainsi contre seulement un sur six au
début des années 1970. « L'union libre devient
une forme de vie commune parfaitement balisée,
qui ne concerne plus seulement une population
marginale ou très jeune, mais qui est, au contraire,
particulièrement répandue chez les hommes et les
femmes qui ont déjà fait l'expérience d'une rup-
ture d'union », souligne le rapport de la mission.
Parallèlement, le pacte civil de solidarité
(pacs) s'est peu à peu imposé comme une forme
de conjugalité à part entière : depuis sa création,
en 1999, près de 170 000 pactes ont été signés.
Entendue par la mission parlementaire,
France Prioux, directrice d'études démogra-
phiques (INED), constate que « l'instabilité
conjugale s'accroît dans toutes les catégories
d'union ». Aujourd'hui, la France recense ainsi
42 divorces pour 100 mariages en 1970. Parmi les
premières unions débutées vers 1990, qu'elles
aient ou non pris la forme du mariage, 15% ont
été rompues dans les cinq ans, près de 30% dans
les dix ans.
En 1998 , le rapport d'Irène Théry attribuait
cette instabilité, non à 1' « irresponsabilité » des
couples contemporains, mais à un double phéno-
mène : 1' « effet vérité » de la moindre stigmatisa-
tion du divorce, qui conduit à l'échec beaucoup
d'unions malheureuses qui auraient perduré au
temps du mariage indissoluble, et l'exigence plus
grande à l'égard du conjoint, qui implique le refus
de situations subies autrefois comme des fatalités
(alcoolisme, violences etc.).
Aujourd'hui, constate le rapport de Valérie
Pecresse, « le mariage n 'est plus considéré comme
un préalable indispensable pour accueillir un
enfant ». En 2005, 48,3 % des enfants sont nés au
sein d'un couple qui a choisi l'union libre, contre
seulement 7% en 1970. Pour les aînés - le
mariage des parents survenant souvent après le
deuxième ou le troisième enfant -, les chiffres
sont plus élevés encore : en 2005, près de 60%
d'entre eux sont nés hors mariage. « Ce qui était
un événement contraire aux normes sociales est
devenu un événement banal », résumaient, en
1999, Francisco Munoz-Perez et France Prioux
dans la revue Population et sociétés (« Naître hors
mariage », janvier 1999).
Dans l'immense majorité des cas (92 %), ces
bébés sont reconnus par leur père. Le fait de naî-
tre hors mariage a rarement une influence sur la
filiation des enfants, constate le rapport de la mis-
sion parlementaire. La naissance hors mariage
n'entraîne pas réellement de différence dans
l'éducation et la vie des enfants. En 2004, le garde
des sceaux, Pascal Clément, avait pris acte de ce
bouleversement des mentalités en supprimant,
dans le code civil, la notion même d'enfants
« légitimes » (nés de parents mariés) et « natu-
rels » (nés de parents non mariés). « Désormais,
quelle que soit la situation juridique du couple,
c'est la naissance d'un enfant qui crée socialement
la famille », résumait déjà, en 1998, le rapport
Théry.
La France, où près de la moitié des enfants
naissent hors mariage, est l'un des pays euro-
péens où le déclin du modèle traditionnel est le
plus fort : en Allemagne, au Portugal, en Belgique,
en Espagne, plus de 75% des enfants naissent
encore au sein d'un couple marié. En Italie ou en
Grèce, c'est le cas de plus de 90% des enfants.
Avec l'augmentation des séparations, la fin du
XX e siècle a vu croître les familles monoparentales
et les familles recomposées. En 1999, selon
l'INED, plus d'un enfant sur cinq (trois millions
au total) ne vivait pas avec ses deux parents.
Dans la grande majorité des cas (63,2%), ces
enfants vivent avec leur mère. cause du temps
qui sépare une rupture de la constitution d'un
nouveau couple et du fait de la moindre fréquence
de la « remise » en couple des femmes séparées
ayant la charge de leur enfant, les enfants vivant
en famille dite « monoparentale » sont nettement
plus nombreux que ceux qui vivent avec un parent
et un beau-parent », remarque le rapport parle-
mentaire.
En une quarantaine d'années, la part des
familles monoparentales a presque doublé : elles
représentaient 18,6% des familles en 1999 contre
9,4% trente ans auparavant. « Les enfants élevés
seulement par leur mère sont certes plus nomb-
reux, mais le père existe puisque 95% des enfants
nés hors mariage sont reconnus par leur père, sou-
ligne le rapporteur, Valérie Pecresse. Après la
séparation des parents, plus de 40% d'entre eux
voient leur enfant au moins une fois par mois. »
Les familles recomposées sont plus rares : sur
les 3 millions d'enfants qui ne vivent plus avec
leurs parents, 28,2 % (800 000) partagent leur
quotidien avec un beau-parent et, parfois, des
demi-frères ou demi-sœurs.
La famille des années 2000 se forme plus tard
- l'âge moyen des mères au premier enfant frôle
désormais les 30 ans - elle compte de plus en plus
souvent un ou deux enfants - 8,3% des enfants
sont issus d'une fratrie de trois ou plus, contre
16,4% en 1968 -, mais le désir d'enfant demeure
encore très fort ; l'indice conjoncturel de fécon-
dité (1,94 enfant par femme) place la France au
second rang de l'Europe des vingt-cinq, juste der-
rière l'Irlande. Les profonds bouleversements de
la structure familiale enregistrés depuis les
années 1970 n'ont donc pas entamé l'étonnant
dynamisme démographique de l'Hexagone. Cette
vitalité, qui tranche avec l'atonie de nos voisins
allemands, espagnols ou italiens, prospère dans
un univers très particulier : en France, plus de
80% des femmes âgées de 25 à 49 ans travaillent.
« En Europe, la France présente la particularité
d'associer une fécondité dynamique et un niveau
élevé de participation des femmes au marché du
travail », résume le rapport de la mission parle-
mentaire.
Malgré cet investissement professionnel mas-
sif, les femmes continuent à assumer les deux
tiers du travail domestique et des tâches de
soins : elles y consacrent en moyenne deux fois
plus de temps (cinq heures par jour) que les hom-
mes. « Finalement, quelles que soient les évolu-
tions visibles, la répartition des tâches au sein de
la famille continue à suivre très majoritairement
un modèle traditionnel », conclut le rapport de
Valérie Pecresse.
D'après ARIANE CHEMIN,
Le Monde, vendredi 27 janvier 2006.
DOCUMENT 2: ENTRETIEN AVEC CLAUDE MARTIN, Sociologue, directeur de recherche au CNRS
Les hommes et les femmes ne vivent
pas moins souvent en couple que dans
les années 1960 ou 1970. Mais l'idée
qu'ils se font de l'engagement mutuel
n'est plus réductible à l'institution matri-
moniale. Les couples non mariés savent
parfaitement s'engager l'un envers l'au-
tre, notamment à travers la naissance
d'enfants. Le pacte civil de solidarité, lui
aussi, a inauguré une forme d'engage-
ment mutuel alternative.
Le mariage était jadis le seul mode
d'entrée dans la vie conjugale. Il a donc
été perçu par les générations du baby-
boom comme un carcan. Mais aujourd'hui
encore, le mariage reste extrêmement
attractif, notamment pour les couples
mixtes parce que, dans un certain
nombre de cercles sociaux et de commu-
nautés, il reste un symbole fort.
L'instabilité des unions a-t-elle
fragilisé les liens de filiations ?
On dit que les ruptures fragilisent
les relations entre les enfants et leur
père. Comme la résidence principale est
souvent fixée au domicile de la mère, les
enfants ont en effet moins de contacts
avec leur père. Néanmoins, le lien de
parenté ne se mesure pas à la fréquence
des visites, et le père peut avoir une pré-
sence symbolique très forte.
Ce que l'instabilité des unions fragilise,
ce sont les trajectoires individuelles des
adultes. L'instabilité conjugale peut en
effet s'ajouter à d'autres formes de préca-
rité. Plus vous êtes vulnérable du point de
vue économique et relationnel, plus la
rupture vous fragilise, car elle provoque
automatiquement un appauvrissement :
il faut avoir deux logements, organiser la
circulation des enfants entre les deux
domiciles, faire face à la pression de la
double journée. D'où la précarité de
beaucoup de familles monoparentales.
un moteur pour la natalité »
Quel a été le rôle de l'émancipation des
femmes dans ce bouleversement de la
sphère familiale ?
La grande transformation qui a modifié
les liens familiaux le plus fondamentale-
ment est l'accession massive des femmes
au marché du travail et au salariat depuis
1960. Ce facteur de transformation est
aussi un formidable facteur de tension.
Car si l'égalité dans l'accès au marché du
travail est le modèle de la société
contemporaine, l'égalité doit aussi avan-
cer dans la sphère privée, ce qui n'est pas
le cas dans la vie domestique et les soins
aux enfants. Du coup, les tensions se
répercutent dans la sphère conjugale.
C'est tout le thème de la conciliation
entre la vie professionnelle et la vie fami- j
liale, que l'on a l'hypocrisie, en France, de
ne penser que pour les femmes...
Les autres pays européens connaissent-ils
des évolutions semblables à celles de la
France ?
La France se distingue de tous les autres
pays européens par la reprise signifi-
cative de sa fécondité. Mais, en matière
de mariage, tous les pays ont connu un
déclin, même si au Danemark et dans
certains pays d'Europe du Sud, on conti-
nue à se marier plus souvent qu'ailleurs.
En matière de divorce et de naissances
hors mariage, tous les pays ont connu
une augmentation. Néanmoins, les nais-
sances hors mariage sont plus fréquentes
en Europe du Nord qu'en Europe du Sud.
Ces évolutions démentent formelle-
ment certaines idées reçues. L'adhésion
au catholicisme n'a pas protégé la
Pologne, l'Espagne, l'Italie de la baisse de
la fécondité. De même, le travail des fem-
mes n'est pas un frein à la natalité : les
pays où les femmes ont accès à une vie
professionnelle sont aussi ceux où la
fécondité est la plus forte. Le travail des
femmes est un moteur pour la natalité.
D'après les propos recueillis par Ariane Chemin,
Le Monde, vendredi 27 janvier 2006.
DOCUMENT 3: Deux hommes sur trois profitent du congé paternité
Une étude révèle les inégali-
tés entre le privé et le
public. Pour des raisons
financières ou profession-
nelles, certains pères ne
peuvent quitter leur travail.
Créé en 2002 par Ségolène
Royal, ministre de la Famille
du gouvernement de Lionel
Jospin, le congé de paternité
est désormais pleinement
entré dans les mœurs.
Aujourd'hui, près des deux
tiers des pères s'absentent
de leur travail à la naissance
de leur enfant.
Ce geste en faveur de
l'égalité parentale répondait
à un voeu - ancien - du
Conseil de l'Europe : dès
1992, l'Assemblée avait
recommandé aux États
membres de favoriser « une
participation accrue des
hommes » à l'éducation des
enfants. Aujourd'hui, les
pères bénéficient d'un congé
de quinze jours ou plus en
Belgique, au Danemark, en
Suède, au Royaume-CJni
ou en Norvège, mais cer-
tains pays européens restent
à la traîne : en Autriche, en
Allemagne ou en Irlande, pas
un seul jour de congé n'est
prévu pour les hommes qui
viennent de devenir pères.
One enquête du ministère de
l'Emploi brosse le portrait de
ces hommes que l'on bapti-
sait auparavant les « nou-
veaux pères ». Près de la
moitié accueillent leur pre-
mier bébé, beaucoup ont pris
leur décision en concertation
avec leur compagne et la
plupart sont trentenaires :
73% des 30-35 ans usent de
ce droit contre seulement
68 % des moins de 30 ans et
60% des 35-39 ans. « 11 sem-
blerait donc qu'il y ait un
effet de génération, les pères
âgés de plus de 35 ans appa-
raissant moins désireux que
les autres de construire au
plus tôt une relation de proxi-
mité avec le nouveau-né »,
écrivent les auteurs de
l'étude, Denise Bauer et
Sophie Penet.
En matière de revenus,
tous les pères ne sont pas
égaux. Dans le secteur
public, le congé de paternité
n'a aucune incidence finan-
cière : lorsque le salaire du
père dépasse le plafond de la
Sécurité sociale (environ
2000 euros net mensuels),
l'État complète en lui versant
une compensation finan-
cière. Pour les salariés du
secteur privé, les règles du
jeu sont bien différentes : si
le salaire du père est supé-
rieur au plafond de la
Sécurité sociale, l'entreprise
n'est pas tenue de participer.
Ainsi, 87% des fonctionnai-
res choisissent de prendre
leur congé de paternité
contre seulement 68% des
salariés du privé.
Pour les cadres, qui hésitent
à s'absenter en raison de leur
charge de travail, l'écart
entre le public et le privé est
encore plus marqué : 71%
des cadres du public restent
quinze jours auprès de leur
bébé contre 43 % de ceux du
privé.
Quant aux travailleurs indé-
pendants, ils ont une réelle
difficulté à se faire remplacer
à la naissance de leurs
enfants.
Les « précaires », eux aussi,
peinent à s'offrir ces quinze
jours avec leur nouveau-né :
seuls 44% des hommes qui
travaillent dans le cadre d'un
CDD, d'un contrat d'intérim
ou d'un contrat particulier
partent en congé paternité.
« Ils déclarent souvent ne pas
faire valoir ce droit auprès de
leur employeur en raison de
l'instabilité de leur situa-
tion », note l'étude.
D'après André Chemin,
Le Monde, mercredi
30 décembre 2005.
Je vous la renverrai corrigée...e la question.
EXERCICE Nº2: Essai argumenté
Journaliste d'un webzine d'actualité, vous préparez un article rendant compte de l'évolution
de la famille en France. Vous rédigerez un texte d'environ 500 mots, basé sur les informations
fournies par les trois documents, auquel vous proposerez un titre.
Pour cela, vous dégagerez les idées principales des textes 1, 2 et 3, vous les regrouperez et
les classerez en fonction du thème proposé. Vous les présenterez avec vos propres mots, sous
forme d'un nouveau texte suivi et cohérent.
Je vous le renverrai corrigé...